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RÉFÉRENCES

Le quai Lassagne

Il s’appelait initialement le Quai Saint Clair, nom du quartier qui se situe juste au Nord. Il reste une plaque à ce nom, à l’angle de la Place Tolozan. 

Après la guerre, les Lyonnais voulurent honorer André Lassagne, héros de la résistance. Et le quai fut rebaptisé.

Quand on lit les guides touristiques, on y trouve que l’architecture de ce quai se caractérise par une grande rigueur classique, presque austère, mais impressionnante par ses volumes et ses détails.

« De nombreuses allées traboulent avec la rue Royale, le numéro 3 est particulièrement ouvragé avec des colonnades et des têtes tristes, et un beau vitrail dans l’allée. On peut remarquer la belle porte au numéro 10, des balcons et des guirlandes de pierres. Au 14, il y a un puit et un petit pont qui traverse la cour. Comme le quai est large, il y a eu la place d’y planter trois rangées d’arbres ». 

C’est après avoir lu cela, dans cette atmosphère lourde d’histoire, que j’ai découvert ce nouveau projet.

J’entre dans cette allée qui permet de traverser entre le quai Lacassagne à la rue derrière, qui porte son nom à merveille. Je suis subjuguée immédiatement par l’architecture de la cour intérieure, les veilles pierres qu’on sent avoir traversé le temps, les façades travaillées, entre lesquelles tombent des feuilles dorées et l’air glacé de l’automne qui s’installe. 

 

CATÉGORIE
Appartement
LIEU
Lyon 01
SUPERFICIE
90m²
UNE ARCHITECTURE HISTORIQUE

Je monte au dernier étage, sous les toits lyonnais. Le plateau fait 90 mètres carré d’après la loi Carrez, il en fait 98 au sol. Il s’agit d’un ancien grenier et d’une chambre de bonne. Je suis d’emblée séduite par la luminosité incroyable de la pièce de vie, même s’il fait gris dehors. Mais tout est à refaire. Le sol est jonché de gravats et je vois immédiatement qu’il n’est pas droit. Au fond de la pièce, des vestiges de ce qu’ont été un WC et une salle de bain, à l’abandon. L’emplacement me parait néanmoins judicieux et je referais là où l’on trouve la seule arrivée d’eau, des toilettes et une salle de bain séparée, avec la buanderie.

L’espace que je découvre est presque aussi large que haut. J’ai toujours aimé les plafonds à la française et l’impression de volume qu’ils donnent. 

J’imagine tout de suite cette pièce avec une grande cuisine ouverte, des fleurs séchées, des bougies, un tapis à poils longs, et des plaids. Je conserverais ces énormes poutres anciennes qui sont malheureusement peintes, quel dommage. J’aimerais bien installer une cheminée à l’éthanol. J’imagine déjà l’odeur du pain d’épices et des mandarines, les ballons gonflés à l’hélium s’envolant sous les 4 mètres de hauteur sous plafond et les lumières scintillantes du sapin, pour ce jeune couple qui fêtera ici son premier Noël de parents. 

Ils attendent en effet leur premier enfant, c’est un garçon, son prénom est déjà choisi mais c’est secret. Ils m’ont demandé un intérieur cosy et familial, j’ai souri « bien sûr, vous vous y sentirez bien vous verrez ! », mais au fond de moi je me demandais encore comment rendre accueillant pour une famille avec un nouveau-né, ce tas de briques, bancal et poussiéreux. Je continuais la visite. 

DÉCORATION
UN APPARTEMENT AUTHENTIQUE

À droite, un couloir dessert un espace mal défini, où j’imagine faire les chambres. Tout au fond, j’observe, intriguée, un mur étrange, éclairé par le velux. Il est abimé, rouillé, soufré, peut-être l’emplacement d’une ancienne cheminée. Je suis soufflée par la couleur et les reliefs, il faut que le conserve et que je le mette en valeur. Ce sera ici la suite parentale. Un mélange de meubles anciens et modernes, des plantes qui pousseront vers le haut comme pour essayer de s’échapper par le velux, des draps en lin, une chaise en velours. J’aime marier les matières. Et je voudrais ici une baignoire. L’absence d’arrivée d’eau dans cette partie de l’appartement me donnait du fil à retordre… Mais j’avais plus d’un tour dans mon sac.

Attenante, je ferais la chambre de leur bébé. Sa toute première chambre, celle dont il ne se souviendra pas mais que ses parents n’oublieront jamais. Il fallut ici inventer et ouvrir un velux, il n’y avait aucune fenêtre initialement. 

À l’étage, je trouve une petite chambre. Une douce lumière pénètre la pièce qui n’a l’air d’avoir vu personne depuis des décennies. Je redonnerais vie à cet espace en en faisant une chambre d’amis. 

Nous étions sous les toits, et si ce jour-là l’automne était bien installé, je n’en oubliais pas pour autant les été caniculaires de Lyon. C’est comme cela que le chantier démarra : il fallait tout isoler. 

J’ai eu l’idée d’un sol chauffant/rafraichissant. Après avoir repris entièrement le sol et installé les tuyaux, je pris le parti d’un sol béton clair. Très clair, pour ne pas dire blanc. 

Mais alors, comment conserver l’histoire et le charme de cet appartement avec un sol aussi moderne ? L’authenticité viendrait par la suite, dans le choix des matériaux et des couleurs…

ARCHITECTURE